Isolation thermique défaillante : La réparation au titre de la garantie décennale est valable
Publié le :
19/01/2022
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L’article 1792-1 du Code civil énonce que « toute personne qui vend, après achèvement, un ouvrage qu'elle a construit ou fait construire », est réputée constructeur de l’ouvrage.
Le particulier constructeur est donc soumis, au même titre que les professionnels du bâtiment, à la garantie décennale.
Il est donc responsable de tous les dommages et malfaçons sur son immeuble survenant durant les 10 années après la date d’achèvement des travaux.
La Cour de cassation, par un arrêt du 30 septembre 2021, rappelle que cette obligation s’applique également en cas de défaut de travaux d’isolation sur le logement vendu.
En l’espèce, un particulier édifie une maison d’habitation en bois, dont les travaux s’achèveront en février 2006. Le bien immobilier est vendu en septembre 2013, après une expertise du diagnostic de performance énergétique du logement.
Rencontrant des difficultés à chauffer son logement, l’acquéreur constate, après expertise, un défaut d’isolation, et assigne donc le vendeur sur le fondement de la garantie décennale et obtient gain de cause.
Le particulier constructeur, condamné en appel, forme un pourvoi en cassation.
Il énonce, d’une part, que la simple surconsommation de chauffage, due à une isolation thermique du logement défaillante, ne le rend pas impropre à sa destination, et que le défaut de conformité aux normes thermiques constitue un désordre couvert par la garantie décennale qu’à la condition que « ces normes étaient obligatoires au moment du permis de construire ou à la date de la construction, et non pas à la date de l’expertise judiciaire ».
D’autre part, le vendeur estime qu’il ne peut être condamné à payer des dommages et intérêts pour inexécution à son obligation, conformément aux dispositions de l’article 1231-1 du Code civil (ancien article 1147 du Code civil). En effet, il accuse la Cour d’appel de ne pas avoir recherché si la faute du diagnostiqueur, en l’espèce un diagnostic d’isolation thermique erroné, l’avait privé « des informations nécessaires lui permettant de remédier immédiatement aux vices affectant le bien avant la vente ».
La Cour de cassation va rejeter ses demandes et valide la position de la Cour d'appel retenant la responsabilité décennale du vendeur.
Dans un premier temps, elle précise que les juges du fond ont valablement apprécié que le défaut d’isolation thermique d’un logement rentre bien dans le champ d’application de la garantie décennale prévue à l’article 1792 du Code civil, sans que la Cour d’appel soit tenue « de procéder à une recherche sur les normes applicables à la date du permis de construire ».
En effet, la Cour d’appel a souverainement déduit que les défauts d’isolation du logement, soit en l’espèce « l’absence d’isolation à certains endroits, l’isolation insuffisante à d’autres et la pose en vrac ou mal ventilée de la laine de verre », le rendaient impropre à sa destination du fait de l’impossibilité de le chauffer sans exposer l’acquéreur à des surcoûts en énergie.
Dans un second temps, la Haute juridiction rejette le second moyen invoqué.
Elle considère que la Cour d’appel a bien recherché si le vendeur avait été empêché de réaliser son obligation de réparer l’ouvrage. En effet, les juges du fond ont estimé qu’il n’existait aucun lien de causalité entre la faute reprochée au diagnostiqueur, et le fait pour le vendeur d’être empêché de réaliser des travaux de réparation sur les défauts d’isolation thermique, dont il avait connaissance au regard de sa qualité de constructeur de l’ouvrage (aucune isolation au niveau des tableaux des fenêtres, une isolation des murs inférieure aux mentions inscrites dans le diagnostic de performance énergétique
erroné, etc.).
La Cour rejette le pourvoi.
LEFEBVRE - THEVENOT
Référence de l'arrêt : Cass.civ.1er,30 novembre 2021, n°20-17.311
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